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la philosophie comme modalité éducative



S’il est vrai qu’une société donnée ne peut se développer que par les efforts physiques et intellectuels fournis par les individus qui la composent, il est vrai aussi que la qualité de ces efforts et du produit qui en résulte dépendent, essentiellement, de la qualité de la formation reçue pas les individus, sachant que le terme « formation » est ici employée dans deux sens distincts : d’abord au sens étroit qui consiste dans l’acquisition de toutes les connaissances ayant rapport à une profession donnée et, ensuite, au sens large qui consiste dans l’acquisition de toutes les compétences de base communes à tous les individus. Savoir lire et écrire, savoir articuler un raisonnement, savoir ordonner, savoir dialoguer, savoir analyser une situation ou un discours, savoir convaincre, représentent quelques exemples de compétences « méta professionnelles » que tout le monde peut/doit avoir, quelque soit la nature du domaine professionnel concerné. La caractéristique qui distingue la philosophie des autres domaines réside dans le fait qu’elle soit une discipline transversale dans la mesure où elle n’est liée à aucune profession précise, exceptée la pratique de la philosophie elle-même, parce qu’elle peut intervenir dans tous les domaines de formation au sens large mentionné ci-dessus. Cette intervention peut s’opérer à trois niveaux : le premier concerne la réflexion en tant que telle, sa nature, sa qualité, ses origines, ses applications, etc. ; le second concerne le traitement des connaissances acquises selon une logique ou une méthode donnée ; le troisième concerne l’orientation des actes de l’individu, décidés à partir de ses connaissances, en fonction de sa volonté et de ses convictions. En d’autres termes, la philosophie traite de la nature humaine dans toutes ses manifestations, individuelle, sociale, psychique, linguistique, morale, politique, spirituelle, etc. Il n’est donc pas étonnant que la philosophie se trouve mêlée à toutes les connaissances et se présente comme une introduction générale à toutes les sciences, vu que celles-ci se font à travers la nature humaine. Ce raisonnement étant fait, ceux qui hésitent encore à apprécier la philosophie à sa juste valeur ont peut être besoin d’opérer une distinction entre trois catégories de philosophie. La « philosophie spéculative » ou descriptive, celle qui étudie la métaphysique et qu’on a appelée autrefois « philosophie première » d’une part, la « philosophie prescriptive » ou normative, celle qui étudie l’éthique, l’esthétique, et la politique, et qu’on appelle souvent « philosophie seconde », d’autre part et, enfin, la « philosophie appliquée », qui est une philosophie d’un troisième ordre. Celle-ci consiste à dériver des principes et des concepts de la première et la seconde catégorie et à les appliquer à nos activités de la vie pratique et à la condition humaine. Grâce à cette troisième catégorie, nous pouvons développer des disciplines telles que « philosophie de l’éducation », « philosophie du droit », « philosophie de la religion », « philosophie des sciences », « philosophie de l’histoire » et ainsi de suite. C’est précisément cette catégorie qui nous intéresse dans ce projet. Il n’y sera question ni de spéculation gratuite ni de philosophie descriptive, mais belle et bien de philosophie pratique qui se révèle la mieux adaptée aux problèmes concrets de l’Homme.


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